Ils sont motivés, faites-leur confiance !

L'État a confié aux Missions Locales la mise en oeuvre de la "Garantie Jeunes", un dispositif qui vise à accompagner des jeunes de 18 à 25 ans en situation de vulnérabilité vers l’autonomie et l'emploi. Sud Touraine Active a rencontré Catherine Pichereau, conseillère à la Mission Locale de la Touraine Côté Sud, qui coache et accompagne les 15 premiers bénéficiaires en Sud Touraine. 

STA : Quels sont les jeunes qui peuvent intégrer le dispositif Garantie Jeunes ?

C. Pichereau : Des jeunes MOTIVÉS par la recherche d'un travail, c'est la première condition ! Au-delà, la Garantie Jeunes s’adresse aux jeunes de 18-25 ans qui ne sont ni en emploi, ni en éducation, ni en formation et qui sont sans ressources. Le dispositif vient de démarrer en Sud Touraine, il va durer à minima une année et nous accueillons depuis quelques jours notre premier groupe de jeunes. Certains sont sans qualification, d'autres ont un Bac Pro, une licence, ils peuvent avoir connu des expériences professionnelles qui ont avorté... Ces jeunes adultes, que nous avons repéré à la Mission Locale, souffrent souvent d'isolement, d'un manque d'autonomie et d'estime de soi, c'est principalement ce sur quoi nous allons travailler.

STA : Quel parcours proposez-vous à ces jeunes ?

C. Pichereau : La Garantie Jeunes, c'est d'abord la signature d'un contrat réciproque d’engagements d’un an entre un jeune et notre Mission Locale. Il débute par un parcours d’accompagnement collectif intensif de 6 semaines suivi d'un accompagnement personnalisé pendant 1 an. Dès la signature du contrat, le jeune est en recherche active d’emploi , on attend  de lui qu’il se comporte comme s’il était déjà en emploi : respect des consignes, ponctualité etc…. Il peut quitter les sessions d'accompagnement collectif s'il trouve un travail pour les reprendre éventuellement plus tard. Il devra réaliser durant l'année au minimum 4 mois  en entreprise (CDI, CDD, stage, apprentissage...) mais, qu'il soit au travail ou en recherche d'emploi, nous le suivons et l'accompagnons de très près sur une année en nous appuyant sur des rendez-vous individuels  avec obligation de prouver qu'il y a bien recherche d'un travail. En contrepartie, le jeune reçoit une allocation mensuelle de 452 € pour sécuriser son quotidien, dégressive s'il trouve un emploi. 

"Le contact entre jeunes et entreprises peut être miné par des préjugés. Et comme il y a des jeunes éloignés de l’emploi, il y a des entreprises éloignées du marché du travail qui, elles aussi, ont besoin d’être accompagnées dans leur projet de recrutement. Le potentiel, les compétences et la volonté sont là… il reste à les révéler" (Portail web des politiques publiques de l'emploi et de la formation professionnelle / Rubrique Garantie Jeunes, juillet 2015)

STA : Ce dispositif a fait ses preuves dans d'autres territoires pilotes, pour quelles raisons selon vous ?

C. Pichereau : Il s’agit d’une nouvelle forme d’accompagnement ultra renforcé. La phase collective permet de souder le groupe, d’impulser une dynamique puis les rendez- vous sont à minima hebdomadaires. Le jeune  a un planning d’activités et de tâches à réaliser chaque jour. Il est donc sur le pont en permanence. L’accompagnement l’aide à saisir toutes les opportunités qui se présentent et le contrat que nous passons avec le jeune est basé sur ce principe : « toutes les expériences en entreprises sont enrichissantes, c’est en les multipliant que l’on accroit ses chances de trouver un emploi. »

"Quand le jeune est ultra motivé par la recherche d'un emploi, la Garantie Jeunes lui permet de révéler ses compétences en travaillant notamment sur l'estime de soi et l'expérience positive. Nous insistons davantage sur le savoir-être, la motivation, la volonté que sur le CV" C. Pichereau 

Nous travaillons bien entendu sur l'expression verbale, le respect d'un réglement et des valeurs de l'entreprise, sur la posture, l'habillement... mais également sur la confiance, l’esprit d’équipe, la gestion de la vie quotidienne. Logement, mobilité, santé... ils ne sont pas tous à la même enseigne, là aussi, nous les guidons vers les bons interlocuteurs locaux, les aides possibles... Grâce à cet accompagnement global et intégré, ils se sentent soutenus et encouragés et peuvent se projeter en toute sécurité. Ils deviennent dès lors véritablement acteurs de leur parcours et savent pourquoi ils sont là, à quoi ça sert tout ça. 

STA : La Garantie Jeunes correspond selon vous à une démarche de territoire, pouvez-vous préciser ?

C. Pichereau : Dans un premier temps,  nous avons dû mobiliser de nouveaux moyens : locaux, matériel  et personnel dédié. Cela n’a été possible qu’avec l’appui des administrateurs de la Mission Locale : collectivités locales, administrations, notamment..
Pour ce qui est de  l’accompagnement des jeunes, Garantie jeunes ne peut réussir qu’avec le soutien de nos partenaires. Ils sont sollicités pour toutes les phases de l’accompagnement : le repérage des jeunes et leur orientation vers le dispositif, le développement de leur autonomie et leur connaissance des acteurs socio- économiques,  et bien sûr les entreprises.

Parmi les partenaires déjà mobilisés à nos côtés,  Pôle Emploi bien entendu qui intervient pour présenter tous les dispositifs d'aide et d'accompagnement que les jeunes pourront ensuite soumettre à leurs éventuels employeurs mais également des associations comme Wimoov pour la mobilité ou l'association Jeunesse et Habitat... Le 15 octobre, les jeunes participeront sur le Sud Touraine au Markethon proposé par l'association PISE...  Bref, nous avons suffisamment d'outils pour accompagner, former un jeune, faciliter son recrutement, alors ici, le cœur de notre action porte sur la motivation. Aux entreprises de jouer le jeu et de faire confiance aux jeunes, de leur laisser une chance de se révéler au-delà du CV et de nous faire remonter les besoins de formation. 

Photo : À droite, Catherine Pichereau et Laetitia Turelier, conseillères Garantie Jeunes au côté du premier groupe de bénéficiaires