Publié le 05/01/2017
Mega Pneus Reignac-sur-Indre

Le beau parcours d’un entrepreneur audacieux et infatigable

En 25 ans, Carlos Gonçalves a fait de sa petite entreprise de collecte de pneus usagés une référence dans le secteur. Jamais à court d’idées et toujours confiant en ses projets, il n’hésite pas à prendre des risques et à tenter sa chance. Portrait d’un entrepreneur déterminé.

Collecter, trier, revendre ou recycler. Chaque année, 750 000 pneus passent le portail de l’entreprise Megas Pneus à Reignac-sur-Indre. Près de 24 000 tonnes sont ainsi récupérées dans les garages et les concessions d’Indre-et-Loire et des départements limitrophes. Sur place, ils sont triés à la main et connaissent un sort différent en fonction de leur état. « 25% d’entre eux sont à peine usés et peuvent être remis sur le marché. Nous avons un taux de valorisation parmi les plus élevés de France » précise Carlos Gonçalves, fondateur de l’entreprise. 160 000 pneus entament alors une seconde vie sur le marché français et dans une cinquantaine de pays. Ceux qui ne sont plus utilisables sont en revanche recyclés. Le broyeur utilisé a été optimisé par Carlos. Ce dernier annonce fièrement qu’il est « le plus performant d’Europe ». Il est capable de traiter jusqu’à 10 000 pièces par jour. Une fois réduits en miettes, les pneus sont utilisés dans la composition des sols d’aires de jeux pour enfants, de terrains synthétiques de tennis, de foot ou de rugby, de pistes d’athlétisme. Ils servent également à fabriquer des roulettes de poubelles ou des pièces de rails de tramway. Depuis peu, ils remplacent également le sable présent dans les manèges équestres. « Le sol est plus souple et il n’y a plus de poussière ». Le pneu peut enfin être utilisé comme combustible. « Une tonne de pneu, c’est l’équivalent d’une tonne de pétrole au niveau calorifique et c’est moins cher ». Si cet usage est encore peu répandu en France, il fonctionne en Suède ou au Japon. Il permet d’y chauffer des quartiers entiers et contrairement aux idées reçues, il est bien moins polluant que le charbon.

Courage et détermination

Si Mégas Pneus est aujourd’hui une entreprise de 35 personnes et fait figure de référence dans la profession, ce n’est pas par hasard. Son fondateur, Carlos Conçalves a dû beaucoup donner pour en arriver là. Après avoir obtenu un CAP d’ajusteur fraiseur, il entre chez Michelin en 1980. « Pendant 4 ans, j’ai appris plein de choses et notamment la rigueur ». Il travaille ensuite chez un marchand de pneus. En 1989, il décide de se mettre à son compte. « Je ne savais pas du tout où j’allais. Je partais à l’aventure, dans le flou ». Dans un premier temps, il récupère des pneus de poids-lourd, « d’où le nom Mega Pneus ». Au volant de sa petite camionnette, il se rend chez les transporteurs situés à une centaine de kilomètres à la ronde. Il les revend ensuite aux réchappeurs qui les réparent avant de les remettre sur le marché. Mais rapidement, le marché s’effondre. « En 5 mois, j’ai perdu 10 ans d’économie, j’étais sur la paille ». Il change alors de stratégie et se tourne vers les pneus de voitures. Sa persévérance, son sérieux et sa bonne humeur lui permettent de se constituer rapidement une clientèle fidèle avec de belles enseignes comme Euromaster ou Norauto. « Mon seul handicap, c’était mon âge. J’avais 24 ans mais je faisais beaucoup plus jeune ». Pour donner une image plus mature de l’entreprise, Carlos a une idée. « Quand on me demandait quelque chose, je disais qu’il fallait que je vois ça avec mon patron. Ça faisait plus sérieux ». En réalité, il travaille seul. Pendant 7 ans, son rythme est infernal mais lui permet de collecter jusqu’à 4 500 pneus par jour. « Je bossais tout le temps. Je commençais à 5h du matin et je finissais à minuit. J’avais un bureau mais pas de chaise pour éviter de m’endormir ».

Passage à la vitesse supérieure

En 1995, à bout de force, Carlos Gonçalves n’a plus le choix : il doit embaucher. Une première personne le rejoint, puis une seconde en 1997. Les locaux de Saint-Pierre-des-Corps devenus trop petit sont transférés à Esvres-sur-Indre. De 160 m², ils passent à 400 puis à 600 m². Mais l’activité continue de se développer et l’entrepreneur souhaite acheter un terrain. Il rencontre alors de nouvelles difficultés. « Un pneu, c’est noir, c’est sale et ce n’est pas sexy. Personne ne voulait de nous. La seule commune qui a accepté, c’est Reignac ». Nouveau problème. Alors qu’il a besoin de financer le chantier et qu’il déjà a investi l’intégralité de ses fonds propres dans l’entreprise, les banques refusent de le suivre. Il est alors obligé de faire une bonne partie des travaux lui-même. Pose des portes, des clôtures, du bardage… Encore une fois, l’ampleur de la tâche ne l’arrête pas.  

Bilan et perspectives

En 25 ans, le rôle de Carlos dans l’entreprise a bien changé. Alors qu’il passait le plus clair de son temps sur les routes, il occupe aujourd’hui des fonctions plus stratégiques. « En 10 ans, j’ai investi 10 millions d’euros en matériel, camions... » Il a même ouvert une déchèterie professionnelle et créé Alliage Touraine Environnement qui collecte les jantes et le métal récupéré dans les pneus. Il a également participé à un groupe de travail au Ministère de l’environnement. La finalité : créer une loi en réponse à une directive européenne datant de 2003 qui impose le traitement, le recyclage et la valorisation des pneus en fin de vie. « Pour moi qui n’ai qu’un CAP, c’était génial. Un honneur, une reconnaissance ». Dernier projet en date : « la machine à tripler les pneus. » Opérationnelle dans quelques mois, elle permettra, en emboitant 3 pneus les uns dans les autres, de faire tenir 4 000 pièces dans un container qui ne peut en accueillir habituellement que 1 300. La technique n’est pas nouvelle mais actuellement il faut 3 semaines pour remplir un container. « Celle-ci devrait permettre de faire le même travail en une journée ».

STA 05/01/2017

Un tour sur la carte

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37310 Reignac-sur-Indre
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