Publié le 29/01/2020
29 janvier 2020 Sud Touraine

Dossier spécial secteur de l'édition // Éditions Hugues de Chivré, le choix du patrimoine et de l’histoire du Sud Touraine

Selon le Syndicat National de l’Edition, les ventes de livres ont progressé de 2,3 % en 2019. Sud Touraine Active a rencontré des acteurs du monde du livre installés en Sud Touraine qui tentent d’allier métier de cœur et équilibre économique parfois difficile à obtenir. Hugues de Chivré, Lionel Cruzille, Patrick Binet nous livrent leurs choix éditoriaux et économiques pour être à l’équilibre tout en répondant aux attentes des lecteurs. Parmi les solutions pour assurer la survie des auteurs et des éditeurs, les salons et évènements littéraires offrent une visibilité supplémentaire et permettent une rencontre avec le public. Deux évènements se tiennent sur le territoire, le salon Signature Touraine organisé chaque année depuis 10 ans en décembre et qui a été un succès en 2019, et « Les Ecrivains chez Gonzague Saint Bris », l’ancienne « Forêt des Livres », qui se poursuit malgré la disparition de l’écrivain Gonzague Saint Bris, et propose un bel évènement littéraire fin août au cœur du charmant village de Chanceaux-près-Loches.

 

Depuis 2005, Hugues de Chivré a créé sa maison d’édition à Chemillé-sur-Indrois. Après avoir cherché la bonne équation dans les débuts, il a finalement orienté ses choix vers l’édition de livres sur le patrimoine et l’histoire. Il nous explique les réalités économiques d’un métier dont toutes les ficelles sont parfois difficiles à maitriser.

« En 1998, j’avais créé une première revue à Tours sur le thème de la philosophie et de la religion, je rencontrais souvent des personnes qui recherchaient un éditeur, cela m’a donné envie de créer ma petite structure. J’ai créé ma maison d’édition en 2005, et j’ai acheté du matériel (une relieuse, une imprimante laser) pour éditer des petites publications pour des particuliers et des récits familiaux, mais ce premier choix n’était pas tenable d’un point de vue économique », confie Hugues de Chivré. Passionné d’histoire et originaire du Sud Touraine, il reçoit après cette première expérience, une commande de la Mairie de Genillé pour la réalisation d’un ouvrage sur l’histoire du village. « Cette expérience était positive en tant qu’éditeur, cela m’a aussi permis de définir mieux mes choix éditoriaux », explique l’éditeur qui a ensuite édité un livre sur la Chartreuse du Liget. « Je me suis tourné vers l’histoire et le patrimoine de la Touraine pour une diffusion essentiellement locale », précise le gérant des Éditions Hugues de Chivré qui compte une centaine d’ouvrages dans son catalogue.

« Savoir estimer les quantités »

Pour parvenir à trouver l’équilibre économique, tout doit être calculé en amont, mais la frivolité du marché reste difficilement domptable. « Il faut être capable d’estimer dès le début la quantité de livres imprimés », explique Hugues de Chivré qui travaille avec un imprimeur d’Indre-et-Loire et privilégie l’impression Offset pour garantir la qualité des illustrations et du livre en général. Selon Hugues de Chivré, l’opération devient rentable à partir de 500 exemplaires vendus pour un livre en couleur et 300 pour un livre en noir et blanc. « Il faut également faire le choix de la bonne ligne éditoriale, je travaille avec des auteurs capables d’intéresser l’érudit mais qui savent s’adresser aussi au grand public », souligne Hugues de Chivré qui ajoute à ses charges les droits d’auteur ou les forfaits attribués aux auteurs. « Je fais toujours en sorte de rémunérer correctement mes auteurs, c’est une relation de confiance avant tout. Mais c’est un comble, dans toute la chaine de l’édition, l’éditeur et l’auteur sont les acteurs les moins bien gratifiés », confie Hugues de Chivré avec humour.

De nombreuses charges à prévoir

Pour l’éditeur, la complexité économique réside dans le fait qu’il y a toute une chaîne d’acteurs à rémunérer avant de dégager le premier bénéfice. « Un éditeur, s’il veut être vendu dans toute la France et le monde francophone doit avoir un diffuseur qui le représente, il faut aussi penser au stockage parfois géré (contre rémunération) par le diffuseur ou avoir recours à une entreprise de stockage comme la Genilloise d’Entrepôt à Genillé. Il faut évidemment rémunérer l’auteur, l’illustrateur, un graphiste, des relecteurs et correcteurs, point crucial car la coquille est difficilement pardonnable dans un ouvrage. Il y a également les coûts d’impression, la part qui revient au libraire, les frais engagés pour assurer la communication du livre auprès d’agences spécialisées, il faut aussi avoir un webmaster pour la gestion du site internet et des réseaux sociaux. Un éditeur fait vivre toute une chaine économique avant de gagner sa vie », mentionne Hugues de Chivré qui avoue que chaque livre est un nouveau défi néanmoins passionnant.