Publié le 01/03/2018
Ikki Films 01 mars 2018 Orbigny

Ikki Films : un trait d’union entre le Sud Touraine et Hollywood

« Une nomination aux Oscars, c’est rare et ça fait rêver. C’est une reconnaissance de la part de l’industrie du cinéma. Un petit studio comme nous à côté de Pixar c’est incroyable » » avoue Nidia Santiago, productrice et gérante d’Ikki Films avec Edwina Liard. La société a produit le court métrage d’animation en stop motion (animation en volume), Negative Space, et il fait partie du cercle prestigieux et très fermé des nominés pour la récompense suprême à Hollywood. Une belle histoire faite de feeling, de talent et de soutien qui s’est écrite au cœur du Sud Touraine à Orbigny. Rencontre à quelques jours du verdict le 4 mars.

D’origine mexicaine, Nidia Santiago est venue en France à 18 ans. « J’avais des attaches familiales en France, et je voulais faire mes études ici » précise la jeune femme au français impeccable. Des études de psychologie à Toulouse, puis une fac de théâtre à Paris qui l’emmène progressivement vers une fac d’arts du spectacle à Paris X. « C’est à ce moment là que j’ai découvert le cinéma, j’ai voulu me spécialiser dans la production et j’ai intégré l’ESEC, une école de production » raconte Nidia Santiago. Elle effectue plusieurs stages pendant le Festival de Cannes, notamment au bureau de la sélection des films et la certitude s’installe, elle travaillera dans ce milieu. En 2007, un stage au sein d’une société de production de longs métrages à Paris se transforme très vite en emploi. Dans le même temps, en 2011, elle crée Ikki Films, et commence à produire ses premiers films. « A cette époque, j’ai produit mon premier court métrage d’animation en stop motion de 17 minutes, Oh Willy, qui a très bien marché. Il a été nommé au César en 2013, sélectionné 300 fois pour des festivals dans le monde entier et il a reçu 50 prix » raconte avec modestie Nidia Santiago. Un bon présage pour la suite.

Ikki Films et Ikki INC

Six mois après la création d’Ikki Films, elle rencontre Edwina Liard, le feeling passe et les deux femmes travaillent encore aujourd’hui ensemble. « Nous étions installées à Paris, et nous avons conservé un bureau à Paris et Edwina est là-bas » précise la productrice. C’est en 2015 qu’Ikki Films prend ses racines à Orbigny. « J’avais une maison familiale ici, je voulais changer de cadre de vie, c’était un choix très personnel » explique Nidia Santiago.

« J’aime beaucoup la région, et en 2h30 je suis à Paris. »

Pour Ikki Films, cette base en Sud Touraine est un avantage. « J’ai déjà tout mon carnet d’adresses, mes talents, mes sources de financement. J’emmène mes équipes artistiques ici pour travailler et c’est un atout. Les auteurs apprécient beaucoup de pouvoir être au calme, et cela me permet d’avoir une proximité avec eux » explique Nidia Santiago. La deuxième société, Ikki INC, propose des films d’entreprise, pour l’instant le développement commercial est plus difficile, mais Nidia Santiago espère pouvoir maintenir le siège à Orbigny. En 2016, une assistante a été embauchée, elle est venue de Paris. « Je ferai certainement de prochaines embauches et souhaite recruter sur place » précise Nidia Santiago.

Négative Space : du hasard et du talent

Les deux productrices parcourent de nombreux festivals à travers le monde, c’est un outil de travail, les rencontres déterminantes se jouent souvent à ce moment-là. Chaque année, en février, se tient à Clermont-Ferrand, un des plus importants festivals du monde. En 2015, Max Porter et Ru Kawahata, avaient fait le voyage depuis Baltimore en quête d’un producteur pour Negative Space. « Lors d’une pause après une conférence, quelqu’un a renversé du café sur Ru et Nidia l’a tout simplement aidée à nettoyer, et après avoir réalisé que Nidia travaillait pour Ikki Films, elles ont commencé à échanger » raconte Max Porter, réalisateur de Negative Space. « Nous aimons les projets qu’elles choisissent, et nous avons une sensibilité commune. Elles apportent une vraie différence dans cette industrie souvent dominée par les hommes » ajoute le réalisateur. Du côté d’Ikki Films, le charme a opéré dès qu’elles ont vu le projet « Ru m’a montré un prototype de marionnette, c’était très joli, leur univers nous a plu et après le festival, nous les avons appelés pour signer avec eux » raconte Nidia Santiago. « Le texte est très court, c’est un poème de Ron Koertge, nous avons fait très peu de retouches, mais il fallait travailler tout le visuel. »

Des financements à la création

Ikki Films apporte un soutien artistique et travaille en collaboration avec les réalisateurs. La société se charge aussi de la recherche des financements. « Nous avons avancé très vite, et CICLIC, l’agence régionale du Centre pour le livre, l’image et la culture numérique, nous a tout de suite accompagnées. Puis nous avons eu d’autres aides avec le CNC, la SACEM et Arte, qui a même acheté le film » précise la productrice. Puis les équipes se sont mises au travail. Il s’est déroulé en plusieurs temps entre Vendôme, en résidence d’artistes proposée par CICLIC Animation, et Orbigny. Des mois de travail, qui, selon Nidia Santiago, ne sont pas toujours pris en compte par le CNC qui finance en fonction du minutage des films. En Mars 2017, le film était prêt.  

La course aux festivals

Présenté pour la première fois au festival d’Annecy en juin 2017, Negative Space a reçu deux prix. Ensuite le court métrage a été plébiscité dans de nombreux festivals. « Il y a des catégories, les festivals de catégorie A sont les plus prestigieux, et si on reçoit un Grand Prix on est sélectionné d’office pour les Oscars » précise Nidia Santiago. Deux festivals, au Brésil puis en Espagne, ont décerné ce Grand Prix à Negative Space, et le film s’est retrouvé au milieu des 63 films présélectionnés pour les Oscars. Ensuite, la short list ne garde que 12 films…Negative Space était encore en lice. « Une fois sur la short list, il faut faire du lobbying, montrer le film au maximum. Aux Etats-Unis, nous avons eu beaucoup de presse, et cela a joué aussi » raconte enthousiaste Nidia Santiago. « Et à 5h du matin, heure de Los Angeles, la nouvelle est tombée le 23 janvier 2018, Negative Space était retenu pour la dernière ligne droite » raconte la productrice encore émue. « Ça n’arrive pas souvent, en 50 ans, seulement 9 films d’animation français ont été nommés aux Oscars ! »

En France, la presse a beaucoup parlé de cette nomination, « je suis très heureuse de prouver que ce n’est pas parce que l’on quitte Paris que l’on ne sait plus faire du cinéma, et je prouve que l’on peut travailler à la campagne dans un cadre de vie très agréable » précise la jeune femme.

Déjà des retombées

Pour Ikki Films toute cette reconnaissance apporte déjà de nouveaux projets. Pour Nidia Santiago c’est une façon de mieux défendre le métier, « c’est important de prouver que l’argent n’est pas jeté par les fenêtres. Pour un film, nous embauchons et au moins 60% des financements sont dédiés aux salaires et charges sociales. En région Centre, la politique de CICLIC fonctionne bien, c’est un soutien pour les entreprises locales. » Toute l’équipe du film se retrouvera quelques jours avant les strasses et les paillettes, quelques jours pour courir les studios et encore défendre le court métrage, quelques jours avant d’enfiler des tenues de créateurs réalisées sur mesure pour cette grande occasion.

Pour visionner Negative Space, cliquez ici ! : 

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