Le convoyeur sur-mesure qui séduit les grands de l'agroalimentaire

C’est l’histoire de trois anciens collègues devenus associés. Didier Esnault, Noël Gautron, et Yannick Perot ont créé la CIAM en 1999 à La Celle-Saint-Avant. Aujourd’hui, leurs produits équipent des usines dans la France entière.

Ici on se présente comme des « spécialistes du convoyage ». Mais n’imaginez pas une flotte de véhicules blindés et des hommes armés. Au sein de l’entreprise CIAM, on conçoit, fabrique et installe des convoyeurs. Ces tapis roulants qui mènent les produits et objets d’une machine à une autre sur les chaines de fabrication industrielle. Installée à La Celle-Saint-Avant, CIAM s’adresse plus spécifiquement à l’industrie agro-alimentaire. Ses convoyeurs transportent chaque jour des milliers de bouteilles de lait, de briques de soupe ou de bocaux de légumes. « Nous pouvons mettre en place des dispositifs de plus de 100 mètres de long » précise Yannick Perot, co-fondateur et responsable technique de l’entreprise. Lorsqu’un client fait appel à elle, la CIAM se déplace, réalise une étude et propose des dessins d’implantations en 2D et 3D. Si  le projet est accepté, la fabrication est lancée : assemblage dans l’usine de La Celle-Saint-Avant puis démontage et réassemblage chez le client. « En fonction de la taille du convoyeur, le délai entre la conception et la mise en place définitive varie d’une semaine à un an. Son montant peut atteindre 400 000 euros ».

 « Il n’existe pas de formation pour exercer notre métier »

Créée en 1999, la CIAM - Conception Industrielle en Automatisme Mécanisé - est née de la volonté de trois hommes, trois anciens collègues de travail. Deux d’entre eux sont chaudronniers de formation, le troisième, dessinateur industriel. Tous ont été salariés pendant 10 ans chez SIER Automation. Cette entreprise de La Celle-Saint-Avant était spécialisée dans… l’assemblage et le montage de convoyeurs industriels. En 1998, Didier Esnault, Noël Gautron, et Yannick Perot sentent le vent tourner. « Les dirigeants ne s’entendaient plus, les problèmes de qualité ont commencé à apparaitre, les clients se plaignaient ». Ils décident alors de quitter l’entreprise pour monter ensemble leur propre affaire : « on s’entendait bien, on était complémentaires ». Les trois associés s’installent alors dans un petit local de 120m². Ils recrutent leurs premiers collaborateurs. Parmi les nouveaux arrivants : d’anciens collègues. La croissance de la CIAM est alors extrêmement rapide. Le chiffre d’affaires passe de 350 000 à 2,2 millions d’euros en 5 ans. L’entreprise commence à se sentir à l’étroit, il lui faut multiplier sa surface par 5. « Les locaux de notre ancien employeur étaient vacants. Ils correspondaient à nos recherches, nous les avons achetés ». La société compte alors 26 salariés. Mais elle va connaître « un véritable passage à vide, une chute libre ». C’était en 2012. « Nous étions montés en puissance très rapidement puis les commandes ont ralenti, presque aussi vite. On ne se l’explique toujours pas ». Conséquence : il faut licencier pour survivre. La CIAM se sépare d’une dizaine de collaborateurs, elle affiche une perte de 300 000 euros. Mais les trois partenaires ne se laissent pas abattre. Ils font évoluer leur modèle économique, sous-traitent la production de certaines pièces, réinvestissent en fonds propres et « remontent la pente ». A leurs côtés aujourd’hui, quinze personnes choisies pour leur polyvalence : « la CIAM a besoin de gens capables, par exemple, d’intervenir sur l’assemblage des parties mécaniques ou de faire de la soudure inox. L’électricien doit pouvoir aider les automaticiens et inversement ».

« Nous adapter et faire faire des économies à nos clients »

Malgré sa taille modeste, la société, située à 10 km d'un échangeur autoroutier, intervient dans la France entière : Bretagne, Normandie, Alsace, Provence et jusque sur l’île de La Réunion. Elle fournit les plus grands groupes de l’agroalimentaire à l’instar de Lactalis, Sodiaal (Candia), Antartic (produits distributeurs Intermarché), Bongrain (Elle & Vire) mais aussi des structures plus petites comme la Coopérative Laitière de la Région Lochoise... Le premier atout de cette PME du Sud Touraine ?  « Notre réactivité ! Nous sommes une petite structure, nous pouvons répondre très vite à la demande et intervenir sur place rapidement. » Quand les concurrents de grandes tailles proposent des usines « clé en main », la CIAM personnalise ses réponses et réalise du sur-mesure : convoyeurs multivoies avec couloirs escamotables, convoyeurs à chaines galets pour permettre aux produits de monter ou descendre… L’entreprise cherche aussi à minimiser les coûts pour ses clients : « on récupère des vieux convoyeurs que l’on modifie et que l’on adapte sur les nouvelles installations »  Bilan : le carnet de commandes est rempli pour les 6 prochains mois. « Dans notre secteur d’activité, c’est déjà très bien ! ».