Les Benestières à Charnizay, une transmission de valeurs

Le 13 octobre 2017, Henri et Martine Robert, propriétaires et responsables d’une exploitation de vaches allaitantes à Charnizay ont passé le flambeau à Marc-Antoine et Carole Bourdon. 45 années d’investissement au service de l’élevage, la vente directe à la ferme, les chambres et la table d’hôtes. Un capital aujourd’hui entre les mains d’un jeune couple franco-belge animé par la volonté de conserver toutes les qualités de la prestation de leurs prédécesseurs. Récit d’une transmission.

Marc-Antoine et Carole Bourdon sont jeunes, respectivement 30 et 27 ans, et incarnent une génération qui n’a pas les deux pieds dans le même sabot. Carole, d’origine bretonne, a réalisé son stage de fin d’études au sud de la Belgique. Marc-Antoine, d’origine Belge, faisait du conseil en gestion et travaillait dans une exploitation de vaches allaitantes. Après leur rencontre, ils vivent ensemble trois ans en Belgique.

« Je voulais me consacrer uniquement à l’agriculture, mais en Belgique l’hectare est rare donc cher, et c’est très difficile d’accès. Nous avons donc envisagé de venir nous installer en France » explique Marc-Antoine Bourdon.

Cap sur la France

En 2013, ils quittent la Belgique pour une première expérience qui emmène les amoureux dans la Vienne. Marc-Antoine Bourdon est salarié dans une exploitation (vaches allaitantes et cultures), Carole travaille en tant que technicienne dans un laboratoire d’analyses médicales. Le destin décide qu’ils ne feront pas leur vie dans le marais poitevin et en juillet 2016, ils se mettent en quête d’une exploitation à acquérir.
Informations de la Chambre d’agriculture et sites internet sont épluchés, « j’ai visité au moins 15 exploitations, et j’ai trouvé les Benestières sur le site « agriaffaires », c’est l’exception qui confirme la règle » explique l’éleveur. « Je suis d’abord venu seul pour visiter, c’est un très bel outil de production, mais c’est une décision de couple et Carole est venue ensuite avec moi » explique Marc-Antoine. « J’ai eu le coup de cœur, il y a tout ici pour travailler, pour Marc-Antoine et moi » explique la jeune maman de Valentine âgée de 11 mois. Le parcours administratif assez fastidieux n’a pas entamé la motivation de la famille séduite par le potentiel des Benestières.

Un potentiel aux multiples facettes

« Je travaille seul, et les 100 hectares de terres sont autour de la ferme. C’est un gain de temps et d’argent » affirme Marc-Antoine Bourdon. Au-delà de la configuration de l’exploitation, le repreneur est fier d’avoir acquis un cheptel de 65 vaches, pleines au moment de l’achat, des limousines inscrites au Herd Book. « C’est un gage de pureté génétique, elles ont fait l’objet d’une sélection » explique Marc-Antoine passionné de génétique et qui rêve de faire naître un jour des futurs géniteurs approuvés au Herd Book. « Henri Robert et ensuite son fils, Aurélien, faisaient de la qualité et je veux poursuivre dans le même esprit. Je veux être à la pointe au niveau génétique et pour l’alimentation de mes vaches » ajoute l’agriculteur en précisant que sa passion : « c’est l’élevage ! Ça ne fait jamais plaisir de voir partir mes vaches ! »

Pour l’alimentation, tout est garanti sans OGM, une philosophie mise en place par Aurélien Robert et que Marc-Antoine Bourdon tient à préserver. « Je suis le plus possible en autosuffisance pour le foin et les céréales, j’achète seulement le tourteau de colza » explique Marc-Antoine Bourdon. Aux Benestières, les génisses sont conservées et c’est aux alentours de 8 ans que les vaches partent à l’abattoir. La majorité est dirigée vers une coopérative, et une vache tous les deux mois est proposée pour la vente directe à la ferme. Une pratique initiée par Henri Robert : « on était parmi les premiers à proposer de la vente directe dans les années 90 suite à la crise de la vache folle. Il fallait pouvoir proposer aux habitants du territoire de la bonne viande ! ». Marc-Antoine a conservé le carnet de clientèle des Robert, et aimerait répondre à une demande encore plus importante.

Dernier atout des Benestières : le potentiel d’accueil touristique. Martine Robert s’est occupée pendant 20 ans de 4 chambres d’hôtes. Mais pour Carole Bourdon il fallait trouver une solution moins chronophage car elle se rend tous les jours à Châteauroux pour travailler. « Nous avons décidé de transformer les chambres d’hôtes en gîte. Actuellement, nous pouvons accueillir 8 personnes. Nous allons réaliser des travaux dans les dépendances de la ferme et dès juillet nous aurons une capacité d’accueil pour 13 personnes avec un espace bien-être » explique Carole chargée de la partie gîte. A travers la vente directe et le gîte, Marc-Antoine Bourdon souhaite aussi pouvoir communiquer sur son métier.

Séduits par le Sud Touraine

Pour la petite famille, tout se met en place même s’il faut être patient avant d’avoir les premiers retours sur investissements : « c’est très long le cycle des vaches allaitantes » explique Henri Robert, « j’ai acheté les vaches pleines, il faut donc attendre 12 mois pour avoir les premiers revenus » ajoute Marc-Antoine Bourdon. Le Sud Touraine a su accueillir le jeune couple.

« Nous avons été très bien reçus. Il y a beaucoup d’entraide. Nous faisons partie de la CUMA de Charnizay (Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole), c’est très bien géré et c’est très pratique ! » précise Marc-Antoine Bourdon.

Martine et Henri Robert apprécient le temps venu de la retraite, « nous sommes investis dans la vie associative et économique du sud Touraine. Nous souhaitons maintenant avoir du temps pour nous et nos petites-filles » explique Martine tout en précisant, « quitter notre ferme, je ne dirais pas que c’était facile », « mais nous sommes heureux que notre travail se poursuive en préservant la rigueur et la qualité » affirment les Robert maintenant installés à Preuilly-sur-Claise. « Je reste disponible si Marc-Antoine a besoin d’un conseil » conclut Henri Robert, « ce que je n’hésiterai pas à faire » assure le jeune repreneur.