Installation agricole d'une horticultrice accompagnée par la CIAP (Coopérative d’Installation en Agriculture Paysanne)

Depuis 2018, un outil régional baptisé la CIAP (Coopérative d’Installation en Agriculture Paysanne) se développe sous l’impulsion de l'ADEAR et de ses partenaires afin de favoriser l’installation paysanne qui fait face aujourd’hui à de nouveaux enjeux. Le dispositif créé permet d’être à la fois accompagné en vue d’une installation et de bénéficier d’un portage de l’entreprise pendant une période de 1 à 3 ans. Explications sur le dispositif avec Tiffanie Daydé, chargée de développement agricole territorial au sein d’InPACT 37, et Ariane Sentz, horticultrice installée à Saint-Flovier dont l’entreprise le Champ des Silènes est « couvée » par la CIAP.

« Aujourd’hui l’enjeu de l’installation en agriculture paysanne est double : la reprise des fermes existantes et l’installation de personnes qui ont un profil atypique, souvent en reconversion professionnelle et n’ayant pas de famille très proche dans l’agriculture. La Coopérative d’Installation en Agriculture Paysanne a été créée pour répondre aux candidats à l’installation agricole qui ont besoin d’un accompagnement à la fois technique, humain, mais aussi juridique et administratif », explique Tiffanie Daydé. Développée au niveau régional en Centre-Val de Loire, la CIAP compte bientôt 3 salariés et la gouvernance est assurée par un conseil coopératif, représenté par 15 personnes, élues par l’assemblée générale. « La CIAP propose deux dispositifs pour favoriser l’entreprenariat agricole. Le premier est une formation d’une année, « le stage paysan créatif », financée par le Conseil régionale, qui privilégie la pratique et l’inclusion dans le territoire. A travers de nombreuses immersions, des temps collectifs et un suivi individuel renforcé, il s’agit de préparer, d’affiner son projet d’installation en agriculture paysanne. Le second, c’est le portage temporaire d’activité ou "couveuse" qui permet, en étant accompagné, un « test » de leur installation en conditions réelles. L’agriculteur n’est pas seul pour gérer, il est accompagné au niveau technique via un groupe d’appui local, mais aussi au niveau de la comptabilité et du juridique. Notre réseau permet aussi d’éviter l’isolement des jeunes agriculteurs. La CIAP peut également investir dans du matériel que l’agriculteur.trice rachète à l’issue de sa période de portage », précise Tiffanie Daydé.

Le Champ des Silènes intègre la CIAP

Ariane Sentz vit en Sud Touraine depuis 12 ans, libraire pendant de nombreuses années, d’abord généraliste puis spécialisée dans les ouvrages liés à la nature et au jardinage, elle s’est progressivement tournée vers l’horticulture dans son jardin à Saint-Flovier. « J’ai 6 000 m² de jardin mais c’était difficile de l’entretenir avec ma librairie itinérante. J’ai rencontré des pépiniéristes qui m’ont vraiment donné envie de travailler avec les plantes », explique Ariane Sentz qui s’est tournée vers l’ADEAR 36 puis 37.
« J’ai d’abord suivi la formation "de l’idée au projet" qui permet de découvrir l’entrepreneuriat agricole. Ensuite j’ai réalisé le stage "Paysan créatif" en janvier 2022, dans ce cadre-là j’ai rencontré Delphine Tesse qui est devenue ma tutrice et qui de son côté recherchait des fleurs cultivées localement pour ses compositions florales. Ensuite j’ai découvert la possibilité de portage par la CIAP, qui pouvait me permettre de réaliser une période de test. Au printemps, j’ai présenté mon dossier après avoir fait une formation (avec l’AFOG, Association de Formation à la Gestion) liée au chiffrage du projet. Je suis entrée en portage CIAP début juillet. Cette formule me permet de tester mon activité dans la vraie vie, je suis accompagnée pour la comptabilité et la gestion. Cela me permet également de me sentir légitime pour être horticultrice. J’aurai aussi des chiffres concrets lorsque je me présenterai auprès des banques pour investir davantage. C’est très rassurant, je n’ai qu’à cultiver mes plantes », explique Ariane Sentz qui pense bénéficier du portage de la CIAP pendant 2 ou 3 ans. Depuis fin juillet, Ariane Sentz vend ses bouquets et plantes vivaces en pots le samedi matin au marché de Loches, « j’ai reçu un accueil incroyable, c’est comme si les gens m’attendaient », exprime avec enthousiasme l’horticultrice.