Publié le 01/10/2020
1er octobre 2020 Sepmes

Moins de gaspi, plus de jus !

Entreprise familiale fondée en 1987, les Vergers de la Manse à Sepmes tissent une toile vertueuse autour de la production et la transformation de fruits. Dernier projet en date de Bastien Debruyn, l’engagement aux côtés de NoFilter, une start-up créée par Marin Mulliez qui valorise les surplus de producteurs de fruits et légumes et les soutient dans leur transition écologique. Rencontre avec deux hommes passionnés.

Bastien Debruyn est un jeune chef d’entreprise qui s’offre le luxe de choisir ses partenariats, « j’aime m’engager dans des projets qui ont du sens, des projets vertueux et éthiques, c’est le cas de NoFilter », explique-t-il. Le gérant des Vergers de la Manse et le fondateur de NoFilter se sont rencontrés en 2017. « Marin Mulliez m’a demandé de travailler avec lui sur la transformation des fruits, mais également sur le concept de sa start-up qui confectionne des jus à partir des écarts de tri, des fruits et légumes qui peinent à être vendus à leur juste valeur. No Filter est une marque éthique, elle valorise la chaîne de production et les agriculteurs » apprécie Bastien Debruyn. Pour bien comprendre le projet de Marin Mulliez, il faut remonter à la source de sa prise de conscience. « En 2017, je venais de terminer un cycle d’études à San Francisco avec un stage dans une entreprise engagée dans l’environnement mais aussi le social, cette entreprise faisait fabriquer en Thaïlande et s’investissait auprès des populations dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Cela m’a donné envie de créer une entreprise qui permettrait de donner du sens à notre système de consommation», explique Marin Mulliez.

« J’aime m’engager dans des projets qui ont du sens, des projets vertueux et éthique." 

Une partie de sa famille travaille dans le secteur agricole, dans le nord et le sud-ouest de la France, une fibre sensible chez ce jeune homme. « À mon retour, j’ai voulu créer une entreprise qui viendrait en soutien à la filière agricole française. Je souhaite m’investir dans les défis inhérents à la filière notamment dans les domaines du gaspillage alimentaire et la transition écologique », précise Marin Mulliez. « Chaque année, les producteurs de fruits et légumes jettent entre 10 et 15% de leurs récoltes car elles ne correspondent pas au standard et ne peuvent pas entrer dans le cycle de vente. Les agriculteurs sont des gens passionnés qui sont soumis à des contraintes très fortes de développement, j’ai voulu m’investir dans cette faille du système », explique le gérant de NoFilter. Un des premiers axes qu’il développe aux côtés des Vergers de la Manse, c’est la valorisation des écarts de tri pour fabriquer des jus artisanaux vendus en grande distribution. « C’est un industriel qui m’a présenté Bastien fin 2017. Il répondait à toutes les compétences que je recherchais dans la fabrication des jus et nous étions parfaitement alignés dans nos conceptions tant humaines que stratégiques et sur notre vision du monde agricole. »

« Avant de monter mon projet, je suis allé à la rencontre de nombreux agriculteurs. Mon souhait c’est que l’entreprenariat apporte des solutions à des causes sociales et environnementales en mettant les outils au service du monde agricole. »

Il faut dire que le savoir-faire et l’expertise des Vergers de la Manse dans la transformation des fruits est très prisée : « nous sommes des prestataires de service pour concevoir des jus à façon pour des créateurs de boissons, des restaurateurs ou des vignerons, c’est de cette façon que notre partenariat avec NoFilter a commencé », explique Bastien Debruyn qui connait aussi très bien les acteurs de la Région Centre-Val de Loire, et peut ainsi réaliser le sourcing des matières premières agricoles dans la région.Aujourd’hui, l’entrepreneur sepmois réalise pour NoFilter le sourcing des légumes et des fruits mais aussi l’élaboration de nouvelles recettes et même la fabrication des jus.


« Donner du sens à notre consommation »

« Pour l’instant nous fabriquons des jus, mais la valorisation des produits agricoles se fera demain à travers des compotes, des confitures, des chips et la liste est encore longue », ajoute Marin Mulliez. Pour les deux hommes, le confinement aura finalement été propice à leur créativité : « c’était la pleine saison des concombres et de nombreux stocks ne pouvaient pas être écoulés. Nous avons élaboré un jus à base de concombre, pomme et citron ! Nous sommes partis d’un besoin des agriculteurs pour apporter un produit au consommateur », expliquent-ils. Afin d’atteindre leurs objectifs et d’éviter le gaspillage, l’équipe de NoFilter travaille en partenariat avec la Chambre d’Agriculture d’Indre-et-Loire et signe des conventions avec des AOP qui regroupent parfois plus de 1000 agriculteurs. « Nous travaillons également avec les coopératives et les associations de producteurs. Notre souhait c’est d’élargir le réseau au maximum. C’est un système que nous démarrons en Centre-Val de Loire, mais il est destiné à être dupliquéen France mais aussi à l’international », précise Marin Mulliez.


Soutenir la transition écologique

Si le projet NoFilter développe aujourd’hui ses premiers jus, la volonté de Marin Mulliez ne s’arrête pas là. « Je veux m’engager de façon cohérente pour l’ensemble des problématiques. On reproche parfois aux agriculteurs de ne pas se convertir au bio, mais il faut être conscient que cela a un coût pour l’équilibre économique d’une exploitation. Mon entreprise a donc un autre volet qui consiste à soutenir les agriculteurs dans leur conversion en bio ou vers l’agriculture raisonnée. Nous travaillons actuellement sur une solution pour accompagner les agriculteurs dans leur processus de transition écologique, à travers un soutien humain et administratif », précise Marin Mulliez avec passion. Dix personnes travaillent aujourd’hui au sein de l’écosystème NoFilter. D’autres nombreux projets au service de l’agriculture sont actuellement en préparation dont un concept de restauration écoresponsable qui sera testé à Tours dès le mois d’octobre.

 

À Sepmes, Les Vergers de la Manse cultivent des pommes et des poires sur 17 hectares, 5 ha sont actuellement en conversion bio. L’entreprise, fondée en 1987, compte aujourd’hui 19 salariés. Sous l’impulsion de Bastien Debruyn, elle s’est spécialisée depuis 2006 dans la transformation des fruits en jus. « En 2007, nous commercialisions 60 000 bouteilles, en 2020 nous allons atteindre 830 000 bouteilles, et nous proposons 20 jus différents. » Les jus des Vergers de la Manse sont commercialisés dans les magasins spécialisés, les épiceries fines et les restaurants de la Région Centre-Val de Loire. Les fruits sont distribués dans le réseau de la grande distribution en Indre-et-Loire.

Un reportage publié dans Le Mag ! de Loches Sud Touraine / Automne 2020