Publié le 14/11/2024
14 novembre 2024 Cussay

Deux-cents chèvres et d’excellents fromages

Lauriane Crutin et Jérémy Thibault ont repris il y a un an l’élevage de chèvres et la fromagerie de la ferme du Souheil, à Cussay. Pour leur  première année d’exploitation, ils n’ont pas été gâtés par la forte pluviométrie, qui n’a cependant pas nui à la qualité de leurs produits.

 

Une pancarte plantée à quelques dizaines de mètres de leur ferme donne le ton. « Ici, on s’engage dans l’art de faire », peut-on lire sur l’écriteau, lequel indique aussi qu’on entre en territoire gourmand, celui du Sainte-Maure de Touraine. En octobre 2023, Jérémy Thibault et Lauriane Crutin ont officiellement repris l’exploitation à Denis Duvallon et Denise Dalonneau, qui avaient démarré l’aventure 30 ans plus tôt avec un troupeau d’une quinzaine de chèvres.

Désormais à la retraite, les deux cédants ne sont jamais très loin pour donner un coup de main à leurs successeurs, sur l’un des marchés où les fromages du Souheil sont écoulés (les samedis matin à Chauvigny et Bonneuil-Matours), ainsi qu’à la ferme, où le boulot ne manque pas. Une chèvre doit être traite deux fois par jour, tous les jours de la semaine : multipliez par 200, et vous aurez une petite idée de l’ampleur de la tâche. « Une journée classique commence à 6h30 et se termine à 20h », résument Jérémy et Lauriane, qui doivent aussi faire avec le rythme aléatoire des mises bas. « On a dû en gérer 20 en une heure ! », racontent-ils par exemple. Et au milieu de tout ça, il y a ces tonnes de papiers à remplir et ces dizaines de demandes à formuler, qui mettent parfois un temps fou à arriver. 

« On voulait proposer un produit fini ; pas seulement faire du lait »

Ce type de contretemps ne les empêche pas de travailler, et de bien travailler, en suivant les bonnes recettes de leurs prédécesseurs. « On avait un gros objectif : ne pas changer le fromage qui était produit et vendu jusque-là », expliquent-ils. Ainsi les fromages du Souheil sont toujours vendus à la ferme tous les matins sauf le dimanche et les jours fériés : on vient y chercher du Sainte-Maure de Touraine, donc, mais aussi des bons petits aromatisés ou du fromage frais. Qu’est-ce qui différencient leurs fromages ? « Il est fait avec amour ! », répondent-ils.

L’amour, le leur, se construit dans le pré. Jérémy et Lauriane avaient en effet clairement « envie de travailler en couple ». Les voilà servis : ils ne se quittent plus. Pourtant, si on leur avait annoncé dix ans plus tôt qu’ils se retrouveraient aujourd’hui à faire du fromage de chèvre, peut-être auraient-ils cru qu’on les prenait pour des ânes. Lauriane travaillait depuis une douzaine d’année comme aide-soignante ; Jérémy était mécano : pas vraiment le chemin usuel qu’on prend pour être paysan. « Mais on a eu envie de bosser pour nous et avec des animaux, résument-ils. Et surtout, on voulait faire un produit fini ; on ne voulait pas seulement faire du lait. » Alors ils ont passé une formation de BPREA (Brevet professionnel Responsable d'entreprise agricole) au lycée agricole de Fondettes, sont allés travailler un an et demi chez des amis qui élevaient des chèvres en Provence et, par le biais de la Chambre d’Agriculture d’Indre-et-Loire, sont arrivés jusqu’à ce couple d’agriculteurs qui cherchait des repreneurs capables de reprendre leur exploitation.

« Satannée » 2024 !

Aujourd’hui, Lauriane et Jérémy se retrouvent certes à la tête de 200 chèvres, mais aussi de 40 ha de terres en location, qui leur servent à nourrir leurs bêtes. Problème : l’année 2024, exceptionnellement pluvieuse, leur a causé du souci. « On n’a récolté que 50% du maïs qu’on aurait dû récolter », résument-ils. Mais être paysan, c’est s’adapter constamment : c’est ce que Lauriane et Jérémy ont appris cette année, en allant chercher ailleurs ce qu’ils n’ont pu faire germer. En cet automne finissant, ils sont fatigués mais ne regretteraient leur choix pour rien au monde. Noël approche, avec des commandes qui font faire des bonds de cabri. L’avenir leur appartient, pense-t-on en les voyant poser devant leurs 200 chèvres et leurs 50 chevrettes de renouvellement, dont ils feront, bientôt, d’excellents fromages.

 

Contact

La ferme du Souheil

Le Souheil - 37240 Cussay

06 89 55 32 19