Fons, des spiritueux (made in) Lochois
À Chambourg-sur-Indre, Guillaume Tomczak a sorti à la fin du mois d’octobre ses premières bouteilles de gin. Fons, la distillerie qu’il a créée, produira également, à terme, du whisky et de la vodka.
Après plusieurs mois de préparation, Guillaume Tomczak a embouteillé le 28 octobre dernier ses 536 premiers flacons de gin, conçu dans son atelier de la ferme du Fresne, à Chambourg-sur-Indre. Pas sûr que ce moment ne lui pas rendu l’œil humide, tant il s’agissait là de la concrétisation d’un projet de longue haleine. Qui date de fin 2017 exactement, lorsque le jeune homme, alors spécialiste des effets spéciaux chez un grand concepteur français de jeux vidéo, revient d’un voyage en Ecosse, lors duquel il se prend de passion pour la fabrication de whisky. « J’étais déjà un gros passionné de spiritueux, avec cependant une appétence plus prononcée pour le rhum. Le whisky par contre, ce n’était pas trop ça… Mais au fur et à mesure que je visitais des distilleries dans les Highlands, je me suis pris au jeu en me disant qu’un jour, plus tard, moi aussi je distillerai… »
« Je veux faire du spiritueux artisanal de qualité »
Le « plus tard » est finalement arrivé plus vite que prévu. L’envie s’est précisée, a rapidement pris les tripes et a fini par s’imposer alors que le Covid posait sa patte sur le pays. Quittant sa maison d’Arras, Guillaume Tomczak migrait vers le Lochois, d’où sa compagne était originaire. Il démissionna de son boulot, conscient de quitter un métier qu’il « adorait » mais convaincu d’en découvrir un autre qu’il « adorerait encore plus ». Dans une ferme du XIXe siècle appartenant à sa belle-famille, Guillaume et sa compagne réhabilitèrent la partie logis et décidèrent d’installer la future distillerie dans l’une des granges de l’exploitation. Celle-ci abrita finalement l’alambic de 500 litres que Guillaume Tomczak fit concevoir sur-mesure au Portugal.
Le jeune homme prit aussi la direction du Centre International Des Spiritueuxde Ségonzac, dans les Charentes, où il reçut une formation pour acquérir le savoir-faire technique de la distillation, ainsi que quelques informations concernant les obligations administratives et fiscales auxquelles il devrait par la suit se soustraire (collecteur de taxes pour l’État, un distillateur doit recevoir l’agrément des douanes pour pouvoir exercer). Un territoire inexploré qu’il défricha aussi lui-même, reconnaissant qu’en quelques moments, il s’était demandé ce qu’il « foutait là ». L’administration est pointilleuse, car on n’est pas là dans de la distillation à la bonne franquette, le saucisson sous le bras et la baguette dans l’autre, mais dans un exercice tout à fait sérieux, professionnel, à la fin duquel l’alcool produit est destinée à la vente. En l’occurrence, dans le cas de Guillaume Tomczak, auprès des particuliers, des caves, des hôtels et des restaurants.
« Cette histoire, c’est aussi l’origine de quelque chose, le début d’une reconversion »
« Ce que je fais, c’est du spiritueux artisanal de qualité », complète l’entrepreneur, qui a commercialisé ses premières bouteilles de gin au prix de 37 €. « Dans un pays où l’image du spiritueux est encore très associée au luxe, je veux faire de ce produit quelque chose d’abordable. Moi, je suis plutôt dans une philosophie nord-américaine de consommation de spiritueux, autour d’un brasero, entre copains ou en famille. J’aime bien l’idée de se servir un petit whisky à la fin d’une belle randonnée, face à la mer, au soleil couchant… »
Ses whiskys ne devraient pas pouvoir être dégustés avant trois ans, la durée minimum légale de vieillissement après distillation. En attendant de pouvoir lancer sa production, Guillaume Tomczak a choisi de débuter par le gin, qui peut a contrario être mis sur le marché dès le mois et demi qui suit sa distillation. Les premières bouteilles qu’il a sorties, au bouquet très prononcé, ont déjà leurs premiers aficionados, et les compliments ont largement regonflé le moral de Guillaume, qui a prévu de lancer, aussi, une petite gamme de vodka avant ses premiers whiskys. Le tout lancé sous la marque Fons, « qui signifie « source » en latin. Sachant que dans un spiritueux, l’eau constitue la moitié de la matière première, ce nom peut se prendre au sens propre comme au sens figuré. Car cette histoire, c’est aussi l’origine de quelque chose, le début d’une reconversion. » Une histoire à déguster sans modération.
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Fons Distillerie
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