Du métro parisien aux boutiques de design du monde entier
Installée depuis 20 ans à Loches, La Céramique Lochoise a longtemps fabriqué des objets funéraires. Le déclin des ventes dans ce secteur a poussé Denis Patacq, ingénieur céramiste de formation, à se diversifier. Il travaille aujourd’hui pour le métro parisien et de grands designers et architectes d’intérieur.
Le nom de Céramique Lochoise ne vous dit rien ? Il est pourtant plus que probable que vous ayez déjà vu les produits fabriqués dans cette usine tourangelle. L’entreprise fournit en effet les carreaux de céramique qui couvrent les murs du métro parisien. Des plinthes, des encadrements de panneaux publicitaires, des angles... au total plus de 650 références de toutes les couleurs et de toutes les tailles. « C’est un véritable casse-tête de répondre à leurs appels d’offres, assure Denis Patacq propriétaire de La Céramique Lochoise. Nos concurrents sont peu nombreux à s’y risquer. » Une aubaine cet entrepreneur : il fait partie des prestataires de la RATP depuis plus de 15 ans. « Chaque année, nous leur fournissons 25 000 pièces, ce qui représente environ un quart de notre chiffre d’affaires».
« Tout est fait à la main. C’est un métier encore très manuel »
Lorsqu’il décide de créer son entreprise en 1996, Denis Patacq a déjà une solide expérience professionnelle. Il a été responsable de production dans une entreprise de tuiles et de briques à Damiatte dans le Tarn. Il a ensuite dirigé les Tuileries de Pargny-sur-Sault dans la Marne avant de passer 5 ans à Limoges. Il y suit une formation sur la qualité et devient responsable d’un laboratoire spécialisé dans le transfert de technologie entre les universités et les entreprises. « En 1996, je me suis associé avec les Etablissements du Roc installée à Joué-lès-Tours. Ils fabriquaient des objets funéraires en granit mais n’avaient plus de fournisseur d’articles en céramique ». Pour des raisons financières et de place, le céramiste choisit de s’installer à Loches.
Ses locaux une fois agrandis s’étendent sur 2 000 m². Les pièces prêtent à être expédiées sont stockées à l’entrée de l’usine. On entre alors dans l’espace dédié à la production. Ici on stocke d’immenses sacs d’argile et les mélanges qui composeront les objets en céramique. Plus loin, les pièces sont coulées dans des moules en plâtre. Etapes suivantes : le séchage puis l’émaillage. « Tout est fait à la main, au pistolet. C’est un métier encore très manuel ». Reste alors à cuire les éléments. L’usine est équipée de trois fours gigantesques dans lesquels on pourrait faire tenir une voiture. « Ils montent en température pendant une douzaine d’heures pour atteindre jusqu’à 1 200°C ».
Mobilier design pour Philippe Starck, India Mahdavi, Ligne Roset...
Mais au fil du temps, les ventes d’articles funéraires diminuent. Elles ne représentent aujourd’hui plus que 20% de la production de l’usine. Les plaques, vases, décorations florales, statues destinées à orner les tombes ne séduisent plus. « La clientèle a changé ses habitudes, la crémation s’est développée, les pompes funèbres importent ce dont elles ont besoin et le granit a plus de succès que la céramique ». Denis Patacq est d’ailleurs l’un des derniers à produire ces objets funéraires en France.
Heureusement, cette baisse de production a été compensée peu à peu par une activité assez inattendue : le design ! L’histoire commence par un amusant concours de circonstances. Un jour, un journaliste de France Info décide de s’intéresser à La Céramique Lochoise. Un reportage de 3 minutes est diffusé sur les ondes du service public. Les premiers appels ne tardent pas et notamment celui d’un certain… Philippe Starck. Le designer, alors peu connu du public, confie à l’artisan lochois la production d’une étagère qui sera distribuée pendant plusieurs années. Depuis, d’autres designers et décorateurs d’intérieur ont fait appel au savoir-faire de Denis Patacq. Tabourets, cendriers, vases… les objets de décoration qui sortent de l’usine sont ainsi vendus dans le monde entier dans des magasins haut de gamme comme ceux d’India Mahdavi ou de Ligne Roset.
L’entreprise intervient sur d’autres projets prestigieux. Parmi eux, la réalisation d’une fresque de 60m² pour l’enseigne de luxe Hermès. Elle est composée d’environ 400 carreaux de céramique créés en collaboration avec l’illustrateur Philippe Hermès Dumas et le céramiste Guy Honoré. L’œuvre est présente depuis 2015 sur les murs de la boutique de la rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris. La Céramique Lochoise a également collaboré avec Elisabeth Garouste. Designer et architecte d’intérieur, elle a fait appel au Lochois pour habiller la piscine de l’un de ses clients. Un modèle unique composé de 1 600 carreaux peints à la main. « Nous avons également réalisé des bancs en céramique pour l’Abbaye Royale de Fontevraud et un bardage de 300 m² pour la médiathèque d’Amilly, dans le Loiret ».
STA-29/09/2016
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Portfolio signé Simon Papillault sur l'aventure Hermès à la Céramique Lochoise
Contact
La Céramique Lochoise
29 route de Vauzelles
37600 Loches
Tél. : 02.47.59.49.89
Mail : ceramique.lochoise@wanadoo.fr